ATELIER de MODÈLEs VIVANTs

Tous les mercredis à 20h séances de 2 heures
Vous avez envie de venir régulièrement
ou ponctuellement :
prévenir à l'avance, maxi le lundi !
tel : 01 46 36 88 14
aracanthe@aracanthe.org
inscription toute l'année
ARACANTHE : 44, rue de Tourtille
75020, Métro Belleville
Paris

L’atelier de Mirella, comment ça marche ?
Une séance tous les mercredis soir, chacun apporte sa caisse à outils : crayons, pastels, encres, papiers, chiffons. Le modèle s’installe, on règle un peu la lumière, au besoin on monte le chauffage, et après, c’est chacun pour soi…
On se retrouve tout seul, face aux propositions du modèle, et on cherche : la lumière, les contours, les masses, les formes, les attitudes. Des poses de deux minutes. Pas le temps de s’appesantir sur un détail, de revenir, de rattraper. Il faut trouver l’essentiel, en un seul geste, quelques allers-retours du regard entre la feuille et le modèle. On s’échauffe, on se met en jambes, on peste, on transpire. Break. Le thé traditionnel, la discussion qui démarre, les briquets qui s’allument, Rosa la chatte qui vient jeter un coup d’œil, on souffle.
Deuxième mi-temps. Maintenant les poses durent cinq minutes. On est déjà plus à l’aise, plus concentré, plus calme aussi. On se gratte le front, on se mord la langue, on gomme, on change de crayon, de couleur, de format de papier, de style. On cherche, aussi. Des fois on trouve, un peu, beaucoup, pas du tout…
Fin de la deuxième mi-temps. On rend l’antenne, à vous les studios.

C’est fini ?
Pas tout à fait : on regarde, ensemble, tout le travail de la séance. Des œuvres les plus abouties aux « poubelle ! ». C’est l’habitude de ce regard, à plusieurs, critique et bienveillant à la fois, qui fait de cet atelier un laboratoire, qui tisse des liens entre les différentes approches, qui crée les confrontations et les influences.
Serge, Juin 2005

les modèles depuis 1984

Aïchouche B, Alexandra L, Alexandre F, Alice G, Amélie G, Anaïs W, Anne C, Anne L, Annick S, Annie B, Audrey S, Aurélie G, Aziz S, Bernal S, Betty, Brigitte C, Bruno L, Carole L, Caroline A, Caroline C, Caroline S, Catherine A, Catherine L, Cerisette, Chantal L, Chérifa, Christian, Christine M, Claudia, Corinne A, Corinne O, Cyrille Z, David M, David P, Emmanuel FL, Eric B, Evelyne C, Fabienne G, Fabienne L, Fabrice D, Fandor, Florence L, François PC, Frankie P, Gabriel S, Gaëlle D, Garance, Geneviève B, Gérard G, Gilles L, Grégory B, Henri K, Hervé D, Hervé S, Isabelle D, Jacques C, Jaques D, Jean P, Jean-François D, Jean-Marc T, Julie B, Keïty A, Laetitia, Laure B, Laurence, Laurence M, Laurence N, Li K, Lionel R, Louis F, Lucie B, Mahayane, Malena H, Marc L, Marc V, Marcello, Maria M, Maribel A, Marina C, Maristela T, Maxime Z, Mickael C, Mirella R, Monia, Monika R, Myriam, Myriam R, Nathalie G, Nathalie N, Nathalie O, Nathalie R, Noémie K, Olivier L, Pascale R, Pascaline D, Patricia, Patrick B, Peggy V, Philippe LM, Rodion P, Sabine, Saliha, Sandrine B, Sandrine B, Sandrine M, Saori, Sévane S, Séverine T, Sonia M, Sophie H, Sophie L, Sophie M, Sophie S, Stefania C, Stéphane G, Stéphanie G, Sybille de L, Sylvie R, Tamara MV, Veronique W, Virginie E, Virginie S, Yann C, Yolande M.

et nos tendres pensées à Henri Kuhn, peintre, comédien, poète et modèle qui s'est éteint à l'age de 68 ans, entre le 30 mars et le 1er avril 2003

"Souvent, je choisis un point fixe, un petit défaut dans le mur ou le plafond, et j'y accroche mon regard, comme un fil tendu à ce point d'ancrage qui m'aide à rester immobile, telle une statue vivante. Je pose, je me pose. Rapidement, dans cette immobilité me vient une envie de bondir, je me sens comme au départ d'un sprint. Le voient-ils, pendant qu'ils dessinent ou me peignent ?

Leurs regards sont d'une autre nature, d'une autre forme. Ils passent leur temps à dire oui de la tête. Quelques secondes sur le dessin, un petit mouvement du cou, quelques secondes vers moi, retour vers le dessin, inlassablement. Chacun à sa manière, à son rythme, le sourcil froncé, le menton studieux. On dirait qu'ils voient tous quelque chose de différent. Je voudrais pouvoir les observer attentivement, mais l'immobilité de la pose m'en empêche.

Nue. Sans artifice, sans masque, sans parure. Fragile comme un bébé, et parfois joyeuse, forte aussi. Je choisis une pose, je leur donne mon corps à regarder, à interpréter, à recomposer, à traduire.

J'écoute. J'entends des bruits qui émergent doucement du silence, des bruits de chaise ou de respiration, une feuille qu'on déplace, le crissement des crayons sur le papier. Ce bruit là, surtout ce bruit des crayons qui grattent, un peu comme s'ils grattaient ma peau. Il me stimule et me nourrit.

Je me demande ce qu'ils vont faire de moi. Ce qu'ils prennent de moi. Parfois ce sera la lumière de la peau ou le noir des cheveux, pour un autre l'attitude, pour une autre un fragment singulier, comme la jointure des épaules ou du cou, un déhanchement, une tension dans le dos ou une jambe relâchée. Dans ce silence, un peu de moi se dépose doucement sur le papier.

Vraiment, je me demande ce qu'ils vont faire de moi..."

Serge, avec le précieux concours de Naïma